Wednesday, November 27, 2013

Parler de l’éducation de qualité au Collège Georgian


À la mi-octobre, j'ai visité le campus du Collège Georgian à Barrie.  Les professeurs, les conseillers et les bibliothécaires sont représentés par l'équipe de la section locale 350, dirigée par Terry Heittola, président, Andrea Lovring, vice-présidente, Anita Arvast, déléguée syndicale, trésorière, Lydia Robertson, et Jason Murphy, agent des communications.  Le Collège Georgian compte environ 272 professeurs à temps plein, et ce nombre reflète le travail inlassable de la section locale pour défendre l’embauche du personnel à temps plein.  Toutefois, même avec le succès de la section locale, assurer un effectif suffisant est de plus en plus difficile au Collège Georgian, dans l’ensemble, environ 70 % des professeurs travaillent maintenant à temps partiel ou à charge partielle.



Terry Heittola
Terry et son équipe ont réussi à faire équilibrer la bonne relation de travail avec la représentation efficace des intérêts de leurs membres.  Cependant, malgré une relation fonctionnelle entre l’employeur et le syndicat, les professeurs du Collège Georgian éprouvent toujours les mêmes pressions qui affectent leurs collègues dans tout le système collégial.

L'apprentissage en ligne est actuellement appliqué par l'administration du Collège Georgian, ce qui conduit les professeurs à exprimer les mêmes préoccupations que leurs pairs au Collège Mohawk.  Les étudiants n'aiment pas être obligés de suivre les cours en ligne ou les cours « mixtes ».  Ils considèrent que ces cours de l’éducation de qualité inférieure et se plaignent auprès des professeurs qui sont obligés de les enseigner.  Comme dans de nombreux collèges, il est clair que l'enseignement en ligne au Collège Georgian est poussé au-delà de son champ naturel d'utilisation.  Utilisé correctement, l'apprentissage en ligne peut améliorer l'accès à l'éducation pour les étudiants qui ne peuvent pas se rendre au campus ou qui ont des horaires exigeant un haut degré de flexibilité.  Toutefois, quand il est utilisé comme une mesure de réduction de coûts d’application générale, cette situation présente des désavantages pour la plupart des étudiants.  En fin de compte, sans les professeurs qui déterminent comment cette méthode de l’enseignement doit être utilisée, la technologie d'accessibilité finit par avoir un effet néfaste.

La stratégie en ligne adoptée par la direction au Collège Georgian va également à l’encontre d’une poussée parallèle pour la rétention des étudiants.  Les collèges disent que l'utilisation des protocoles de « première alerte  » pour identifier les étudiants ayant besoin d'aide supplémentaire est de leur fournir une meilleure éducation.  Cependant, le collège augmente simultanément la taille des classes, met en ligne des cours pour aucune raison académique, et ne donne pas assez de temps aux professeurs pour donner de l'aide supplémentaire aux étudiants en difficulté, alors que les objectifs fixés par la direction et les résultats observés ne parviennent pas à s'accumuler.  Au contraire, la « rétention des étudiants » ressemble de plus en plus à une tentative cynique visant à maximiser les frais de scolarité, et non pas à améliorer l'accès à une éducation de qualité.

Les dirigeants de la section locale 350 se sont clairement engagés à leur travail, à l'éducation et aux étudiants.  A la fin de notre rencontre, Anita Avrast, déléguée syndicale, a déclaré de façon simple et claire : « L'éducation n'est pas une entreprise ».  Je suis tout à fait d’accord, et c'est pourquoi les professeurs devraient avoir la liberté académique dont ils ont besoin pour remettre la qualité de l’éducation et la réussite scolaire au système collégial de l’Ontario.

Tuesday, November 19, 2013

Que se passe-t-il au Collège Mohawk?

Je connais bien le Collège Mohawk, à Hamilton, puisque j'y enseigne en tant que professeur de sciences sociales.  Les professeurs, les conseillers et les bibliothécaires du Collège Mohawk sont représentés par les dirigeants et délégués syndicaux de la section locale 240 du SEFPO et son nouveau président, Geoff Ondercin-Bourne.   Le personnel scolaire du Collège Mohawk est chanceux d'être représenté par une équipe aussi solide, car l’administration du collège n'a rien fait pour faciliter les choses dernièrement.

Depuis que Rob MacIssac occupe le fauteuil de président du Collège Mohawk, il y a eu plusieurs changements.  On a entrepris la rénovation souhaitée du campus principal du Collège Mohawk, avenue Fennell, qui approche de la phase finale.  Si l'on ne peut que se réjouir de la modernité des nouvelles installations du Collège Mohawk, on se demande, en revanche, quelles seront les conséquences des autres changements qui ont touché le cœur même des activités des deux principaux groupes du collège, c'est-à-dire les étudiants et le personnel scolaire?

Geoff Ondercin Bourne en plein travail
La réponse est pour le moins mitigée.  En plus de doper ses scores aux indicateurs de rendement grâce à ses investissements dans l'infrastructure, le Collège Mohawk a lancé une stratégie d'apprentissage en ligne – de loin la plus autocratique et offensive de tout le système collégial de l'Ontario.  Malgré les objections des étudiants et du personnel scolaire à l'égard de cette stratégie, l’administration les a totalement ignorées jusqu’à ce jour.

Dans le cadre de son plan stratégique, le Collège Mohawk s'efforce de développer l'apprentissage en ligne depuis 2008.  Les années suivantes, les gestionnaires supérieurs ont fait instaurer des cibles à atteindre pour le nombre de cours devant être enseignés entièrement en ligne ou de manière hybride, c'est-à-dire les cours où un certain nombre d'heures de classe sont remplacées par des heures de cours en ligne.  Si les professeurs et les étudiants apprécient le potentiel de l'apprentissage en ligne dans certains cas, ils ont exprimé plusieurs préoccupations concernant la pertinence pédagogique de cette méthode pour enseigner certains cours et assurer la réussite scolaire.  En définitive, les professeurs ont fait valoir que la décision d'enseigner un cours en ligne devrait être prise en fonction des critères pédagogiques et par le personnel scolaire.

Ann Bennet, déléguée syndicale en chef
En raison des nombreuses préoccupations qui ont suivi l'attitude ferme et inflexible de l’administration à imposer l'apprentissage en ligne, le Comité d'action politique de la section locale 240 a mis en place, en 2011, des groupes de discussion pour les étudiants et le personnel scolaire afin de parler ouvertement de l'apprentissage en ligne.   En organisant également un sondage de grande envergure, la section locale a recueilli l’opinion d’un peu moins de 900 étudiants et publié un Rapport sur l'apprentissage en ligne (en anglais) contenant les résultats du sondage et les conclusions des groupes de discussion.  

Les groupes de discussion ont montré que le personnel scolaire a de sérieuses réserves quant à la qualité même de l'enseignement en ligne. Les conclusions du sondage et des groupes de discussion ont révélé que la majorité des étudiants préfère les cours magistraux (en classe) aux cours en ligne.  Les principales préoccupations concernent les barrières à l'accessibilité de l'apprentissage en ligne, comme la langue, le statut socio-économique ou une incapacité.  Le personnel scolaire avait déjà souligné ces préoccupations dans la documentation sur l'apprentissage en ligne.

Au lieu de tenir compte des conclusions du rapport de la section locale 240, l’administration du Collège Mohawk a doublé ses précédentes cibles du nombre de cours offerts en ligne en 2012 et décrété qu'on supprimerait une heure de classe de tous les cours magistraux offerts au collège afin de la remplacer par une heure de cours en ligne.  Cette décision, qui contredisait complètement les recommandations du Rapport sur l'apprentissage en ligne, montre que l’administration ne tient pas plus compte de la réussite scolaire des étudiants que de l'expertise du personnel scolaire quand elle prend ses décisions.  N'ayant pas la possibilité de contrôler la manière dont l'apprentissage en ligne est mis en œuvre ou de défendre les étudiants, le personnel scolaire du Collège Mohawk constate à quel point il manque de liberté académique.

J’aborderai à nouveau la question déterminante de l'apprentissage en ligne dans mon prochain carnet...


Tuesday, November 12, 2013

De passage au Collège Algonquin!


À l'occasion d'une belle journée d'octobre, j'ai voyagé jusqu'à Ottawa pour rencontrer les membres de l'autre collège de la ville : le Collège Algonquin.  Les professeurs, les conseillers et les bibliothécaires du collège Algonquin sont représentés par les dirigeants de la section locale 415 du SEFPO.  Avant de participer à une réunion du Comité exécutif local (CEL) avec les délégués syndicaux, j'ai rencontré le président de la section locale, Patrick Kennedy, le délégué syndical en chef, J. P. Lamarche, le premier vice-président, Jack Wilson, le deuxième vice-président, Dave Haley, et le trésorier, Shawn Pentecost.

JP Lamarche (à gauche) et Patrick Kennedy
  Le Collège Algonquin, qui compte plus de 19 000 étudiants à temps plein, est l'un des plus grands collèges de l'Ontario.  Le campus Woodroffe, à Ottawa, accueille la majorité des étudiants et on y enseigne la plupart des programmes d'études.  Le Collège Alconquin a également deux campus plus modestes, à Perth et Pembroke. Ayant une population étudiante importante, le Collège Algonquin a également un grand nombre de professeurs, dont 580 membres du personnel scolaire à temps plein.  À l'instar de la situation qu'on retrouve dans d'autres collèges, le Collège Algonquin a trois fois plus d'employés à temps partiel que d'employés à temps plein – c'est-à-dire plus de 1 600 professeurs à temps partiel et engagés pour une période limitée.

Au Collège Algonquin, le ratio entre les professeurs à temps partiel et à temps plein est accablant, mais il serait encore pire sans la pression constante de la section locale 415.  Grâce à des griefs du personnel, la section locale a été en mesure d'exiger l'embauche de professeurs à temps plein.  La convention collective du personnel scolaire stipule que le collège doit donner la préférence à la désignation de postes ordinaires à temps plein plutôt qu'à des postes à charge partielle.  À l'époque de la fondation du système collégial, on recrutait le personnel de cette manière, mais aujourd'hui les sections locales, à l'instar de la 415, doivent se battre au quotidien pour empêcher le nombre actuel de professeurs à temps plein de diminuer encore plus.  Il s'agit d'un exemple frappant qui montre qu'on ne recrute plus de nos jours les professeurs à temps partiel pour des raisons de flexibilité, mais pour des raisons stratégiques de réduction des coûts. Une stratégie qui exerce une énorme pression sur les membres du personnel scolaire à temps plein et qui compromet la qualité de l'éducation.

Les professeurs du Collège Algonquin subissent également des pressions de la direction afin d'élaborer davantage de cours en ligne et hybrides.  Derrière l'apprentissage en ligne se cache surtout une mesure de réduction des coûts, puisqu'on peut enseigner à des classes avec un large effectif et que les gestionnaires peuvent récupérer le contenu des cours, qui a été élaboré par les professeurs à temps plein pour le donner aux professeurs à temps partiel.  Il y a quelques années, un professeur du Collège Algonquin, qui enseignait dans le Programme de sciences infirmières et enregistrait ses cours sur ordre de la direction, s'est rendu compte que le contenu de ses cours avait été envoyé aux professeurs à temps partiel pour qu’ils s'en servent pour enseigner.

Ironiquement, les dirigeants de la section locale 415 ont souhaité préciser que la majorité des étudiants préfèrent les cours traditionnels et en classe à l'apprentissage en ligne.  Les étudiants du Collège Algonquin ont même fait part de leur opposition à l'apprentissage en ligne à leur association étudiante et à la direction, mais à ce jour leur résistance a eu peu d'impact sur les politiques du collège.

Ce mépris affiché de la direction du collège pour les préoccupations des étudiants et du personnel scolaire au sujet de l'apprentissage en ligne est un élément qui refera certainement surface lors de ma prochaine visite au Collège Mohawk de Hamilton...

Friday, November 1, 2013

Rencontre avec les membres du Collège Conestoga


Le 9 octobre, j’étais au campus de Kitchener du Collège Conestoga pour y rencontrer la présidente Lana Lee Hardacre et les membres de la section locale 237 du SEFPO. 
Lana Lee Hardacre
Le Collège Conestoga est un établissement de taille moyenne, qui compte quelque 9 000 étudiants à temps plein.  Créé en 1967, c'est en outre l'un des plus anciens établissements du système collégial de l'Ontario. Conestoga compte sept campus et offre une grande variété de programmes, y compris des programmes collaboratifs en soins infirmiers, ingénierie, architecture et technologie informatique.

À l'occasion de notre réunion, les dirigeants de la section locale 237 ont décrit une situation qui m'est désormais devenu familière – celle d'une direction qui met tout en œuvre pour restreindre les fonds de fonctionnement et réduire les coûts à tous les niveaux.  Cette pression financière se traduit par l'augmentation continuelle de l'effectif des classes dans les programmes d'apprentissage du collège.  Dans plusieurs programmes de formation dans les métiers spécialisés, où l'effectif des classes était auparavant plafonné à 24 étudiants, des classes accueillent aujourd'hui jusqu'à 42 étudiants.  Dans certaines classes d'usinage, où on avait dans le passé un maximum de 15 étudiants, il peut y avoir aujourd'hui jusqu'à 37 étudiants.

Certes, ces chiffres peuvent sembler faibles si on les compare à ceux des universités où des centaines d'étudiants s'entassent dans les amphithéâtres, sauf que les classes dans les métiers spécialisés impliquent une formation pratique intensive et l'utilisation de machines qui sont potentiellement dangereuses.  On avait instauré respectivement les plafonds de 24 et 15 étudiants pour deux raisons importantes : assurer la qualité de l'éducation et la sécurité des étudiants.  Aujourd'hui l'effectif des classes dépasse largement ces plafonds et les professeurs s'inquiètent des conséquences inéluctables.

Pour réduire les coûts, on remplace les professeurs dans les métiers spécialisés par des techniciens – une autre mesure qui nuit à la qualité de l'éducation.  Des classes de laboratoire, qui étaient auparavant enseignées par des professeurs, le sont aujourd'hui par des techniciens qui ne peuvent pas évaluer le travail des étudiants.  Cela se traduit par un décalage entre l'enseignement théorique et pratique – un autre sujet de préoccupation des professeurs en ce qui concerne la qualité de l'éducation qui est dispensée aux étudiants.

Les travailleurs spécialisés bâtissent et entretiennent nos infrastructures et stimulent l'économie de notre province.  Étant donné l'importance évidente de ce secteur, le public devrait s'inquiéter quand les professeurs sont obligés de prendre des raccourcis et de sacrifier tant la sécurité que la qualité parce qu'on rogne sur les coûts.  Comment peut-on lésiner sur les ressources dans les salles de classe alors que les salaires de la direction de Conestoga n'ont cessé de monter en flèche.  En 2012, John Tibbits, président du Collège Conestoga, a reçu un salaire de 409 000 $, après une généreuse augmentation de 16 % en 2011.  Manifestement, l'austérité ne frappe pas le bureau du président ...