Je suis professeur dans un
collège de l'Ontario et j'enseigne dans le système collégial depuis plus de 20
ans. Je détiens un diplôme d'études supérieures et j'ai une bonne expérience
professionnelle, mais je suis un travailleur précaire.
Depuis que je suis professeur
de collège, je travaille à temps partiel avec un contrat à durée déterminée.
J'appartiens à la catégorie des enseignants à charge partielle, ce qui veut
dire que j'ai, néanmoins, la chance de faire partie du personnel scolaire
syndiqué. Mais, je n'ai pourtant pas
droit à la protection la plus élémentaire : la sécurité d'emploi.
Qu'est-ce que ça veut dire? Mon
contrat d'enseignement ne dure que le temps d'un trimestre scolaire. Ainsi,
quand je commence à enseigner en septembre, je ne sais jamais si j'aurai encore
un emploi en janvier. Quand j'enseigne pendant le trimestre de printemps, je ne
sais jamais si j'aurai encore un emploi à la rentrée suivante.
Si je dépose une plainte à
propos de mes conditions de travail, d'un harcèlement ou si mon patron, le
doyen ou le doyen associé me prend en grippe, je cours le risque de ne pas
obtenir un autre contrat de travail – sans aucune explication.
C'est la raison pour laquelle
j'écris sous le couvert de l'anonymat. Je
n'ai pas voix au chapitre dans mon milieu de travail.
Le plus étonnant est que je
fais désormais partie du groupe majoritaire. Soixante-dix pour cent des membres
du personnel scolaire de mon collège ont un emploi précaire à durée déterminée
– un contrat de travail. Une situation que je partage non seulement avec le
personnel scolaire, mais également avec le personnel de soutien des collèges,
dont un grand nombre d'entre eux sont également des travailleurs précaires
employés à temps partiel.
Le nombre d'étudiants inscrits
dans nos collèges augmente sans cesse, 53 pour cent de plus au cours de la
dernière décennie, alors que le nombre de membres du personnel scolaire à temps
plein bénéficiant de la pleine sécurité d'emploi a diminué de 22 pour cent au
cours de la même période. Les collèges recrutent des travailleurs précaires au
lieu de créer de bons emplois stables. Pourquoi? Ils nous disent, que durant
cette période d'austérité, ils manquent d'argent.
Mon collège a actuellement un
excédent de plus de 225 millions de
dollars, l'argent n'est donc pas un problème. Par contre, il est clair
qu'il n'y
a pas la volonté politique de créer de bons emplois.
Les travailleurs des personnels
scolaire et de soutien des collèges de l'Ontario entameront en même temps leur
prochaine ronde de négociation avec leur employeur : le Conseil des employeurs
des collèges.
Au cours de la dernière ronde de négociation, mon syndicat a obtenu quelques petites améliorations sur la question de la sécurité d'emploi. Les membres du personnel scolaire à charge partielle ayant travaillé depuis plus de deux ans, qui ne sont pas réembauchés pour enseigner les cours qu'ils ont déjà enseignés par le passé, peuvent s'opposer à la décision par l'entremise d'une procédure de règlement des griefs. Certes un petit pas, mais un pas important.