Tuesday, December 10, 2013

Transition au Collège Sheridan


À la fin du mois d'octobre, j'ai pris la direction du Collège Sheridan qui se trouve non loin de chez moi, à Hamilton.  Le Collège Sheridan, qui compte un peu plus de 17 000 étudiants à temps plein, est l'un des plus grands collèges communautaires de l'Ontario.  Le Collège est reconnu à l'échelle internationale pour l'excellence de ses programmes dans le domaine des médias et de l'animation – une réputation acquise grâce au travail acharné du personnel scolaire.  À l'occasion d'un déjeuner et d'une réunion du CEL, le président Jack Urowitz et les délégués syndicaux de la section locale 244, qui représentent le personnel scolaire du Collège Sheridan, m'ont parlé des problèmes auxquels ils sont confrontés pendant que leur collège se transforme en une université.

L'édifice Hazel McCallion du Collège Sheridan


























C'est le président du Collège, Jeff Zabutsky, qui a annoncé que le Collège Sheridan cherchait à obtenir le statut d'université en 2012. Il a mentionné comme raisons le fait que les étudiants demandent davantage de programmes menant à un diplôme et que les universités ne reconnaissent pas totalement les diplômes qui sont décernés actuellement par les collèges. Le gouvernement provincial a indiqué qu'il souhaite ouvrir trois autres universités en Ontario qui se consacreront essentiellement aux études de premier cycle. Le Collège Sheridan espère bien être du nombre.

La période de transition du Sheridan permet de mettre en exergue les préoccupations du personnel scolaire concernant la liberté académique et les normes d'éducation.  D'abord, le fait que les diplômes collégiaux du Sheridan n'aient pas la même valeur que les diplômes universitaires montre que le manque de liberté académique des professeurs des collèges a un impact direct sur la façon dont leur travail est perçu en dehors du système.  C'est rendre un mauvais service à l'éducation de classe mondiale que les professeurs du Collège Sheridan procurent déjà à leurs étudiants. Le personnel scolaire des collèges ne pourra pas obtenir la pleine reconnaissance de son travail tant qu'il ne bénéficiera pas du même niveau de liberté académique que les professeurs des universités.

Cette transition met également en exergue la division qui existe entre les connaissances théoriques et pratiques, mais aussi entre les titres de compétences universitaires et l'expérience en milieu de travail.  Les membres de la section locale 244 s'inquiètent que le modèle d'éducation collégial distinct qui intègre à la fois l'enseignement pratique et appliqué soit menacé par cette transition.  La crainte est qu'on marginalise les professeurs qui enseignent des programmes axés sur l'acquisition des compétences techniques ou ceux qui possèdent une vaste expérience de l'industrie par rapport à ceux qui ont une formation universitaire.  Le personnel scolaire fait valoir que la liberté académique – le droit des professeurs à enseigner librement selon leurs compétences et à critiquer l'institution – est aussi importante pour les professeurs qui enseignent des cours techniques que pour ceux qui enseignent des cours théoriques.

En fin de compte, la liberté académique touche à l'intégrité et à la qualité du processus éducatif. Notre société soutient son principe pour l'enseignement de sujets classiques comme la philosophie, les sciences sociales et les lettres et sciences humaines.  La liberté académique serait-elle moins importante pour les professeurs qui enseignent dans les programmes de techniques de maintenance d'aéronefs, des spécialistes des technologies de l'information ou de techniciens du génie électrique?  Les Canadiens sont-ils d'accord avec le fait que l'infirmière qui procure des soins à un parent malade ait suivi un programme d'études dont les normes académiques ont été élaborées par des professeurs attitrés à temps plein ou par des gestionnaires qui n'ont pas les qualifications requises et dont le mandat est d'offrir la formation la moins chère possible?

Selon son président, le Collège Sheridan accroît le nombre d'enseignants à temps plein, entérine la liberté académique, notamment en mettant en place un sénat, afin d'améliorer la qualité des diplômes décernés.  Les normes qui assurent la rigueur de l'enseignement universitaire sont louables et devraient également s'appliquer aux collèges de l'Ontario.


No comments:

Post a Comment