Thursday, December 5, 2013

La vie au Collège Lambton


Le Collège Lambton est situé dans ma ville natale de Sarnia et j'avais particulièrement hâte de visiter le collège et de rencontrer le personnel scolaire.  J'ai fait le voyage à la fin du mois d'octobre et j'ai passé une journée très enrichissante en compagnie de Baiba Butkus, présidente de la section locale, des dirigeantes et des membres de la section locale 125 du SEFPO.  

La présidente Baiba Butkus, à gauche, et 
les membres du CEL
 
Avec environ 2 700 étudiants à temps plein et 125 membres du personnel scolaire à temps plein, le Collège Lambton est l'un des plus petits collèges de l'Ontario.  À l'instar de la situation qui existe dans nombre d'autres établissements, le personnel scolaire à temps partiel est de plus en plus nombreux au Collège Lambton et le syndicat a dû soumettre des griefs pour préserver les niveaux de dotation du personnel à temps plein.

Les professeurs sont particulièrement préoccupés par la nouvelle manière de faire du Collège Lambton qui divise désormais l'enseignement théorique et pratique, qui était auparavant assuré par un seul et même professeur.  L'administration a adopté cette façon de faire pour des raisons évidentes de réduction des coûts, puisque les laboratoires, les studios ou les travaux pratiques sont confiés à des techniciens qui sont moins bien rémunérés.  Les professeurs, qui sont ensuite relégués à l'enseignement de cours théoriques, n'ont plus la possibilité d'évaluer le rendement global des étudiants.

Cette division de l'enseignement théorique et pratique touche le cœur même de la spécificité du système des collèges communautaires – une expérience d'apprentissage où la théorie et la pratique sont étroitement liées et qui permet aux étudiants d'apprendre directement auprès des experts du domaine d'études.  De plus en plus souvent, on demande aux professeurs d’évaluer des étudiants sans qu'ils puissent observer leurs aptitudes dans des situations concrètes.  Il n'est donc pas étonnant qu'ils remettent en question la pertinence des évaluations.

Le professeur de technologie  Khaled Nigim
 
D'autres changements sapent l'enseignement pratique et magistral au Collège Lambton, notamment le recours de plus en plus fréquent à l'enseignement de cours importants en ligne et l'augmentation de l'effectif des classes.  À l'image de tous les autres membres du personnel scolaire avec qui j'ai parlé, les professeurs du Collège Lambton m'ont fait part du nombre croissant de plaintes d’étudiants concernant l'apprentissage en ligne et de l'indifférence constante de l'administration à l'égard de leurs préoccupations.

En réalité, l'administration du Collège Lambton a adopté une vision de l'enseignement qui fait la part belle aux technologies et qu'on appellera ici l'« apprentissage mobile ».  L'idée étant de permettre aux étudiants d'utiliser fréquemment les appareils mobiles – téléphones intelligents et tablettes – dans tous les aspects de leur éducation.  On fait ainsi pression sur les professeurs afin qu'ils utilisent des iPads, sans se soucier de savoir si cette technologie est réellement utile pour le cours enseigné.  Bien sûr, avec l'«apprentissage mobile», le collège est tributaire d'entreprises avec qui il signe de lucratifs contrats pour le matériel informatique, les logiciels et les ressources numériques. 

Cette vision de l'«apprentissage mobile» du Collège entre dans le cadre du débat plus large sur l'utilisation des nouvelles technologies dans l'éducation d'aujourd'hui.  D'un côté, il y a ceux qui estiment que les nouvelles technologies constituent des outils extraordinaires pour améliorer l'apprentissage et la productivité et préparer les apprenants à intégrer le monde technologique d'aujourd'hui.  De l'autre, il y a ceux qui font entendre une voix discordante et qui pensent que les technologies ne sont pas forcément la panacée – que ces gadgets mobiles sont plus distrayants qu'utiles – et qu'on privilégie les bénéfices corporatifs au détriment de la pédagogie.

Comme je l'ai déjà écrit dans ce blogue, aucun professeur avec qui j'ai parlé n'était contre les technologies.  Zut, j'ai tapé ce carnet de blogue sur mon i-Pad et pris les photos avec mon téléphone intelligent.  Toutefois, je partage également l'opinion des professeurs qui s'inquiètent de l'intégration de chaque nouveau gadget technologique à l'éducation postsecondaire.  L'expérience des étudiants et du personnel scolaire révèle non seulement les limites, mais aussi les points forts de l'utilisation de la technologie dans l’enseignement.  Pour cette raison, il est crucial que ce soient les professeurs qui décident, en se fondant sur les recherches et l'expérience, de l’usage approprié et opportun de la technologie à la prestation d’un cours.

No comments:

Post a Comment