Monday, January 20, 2014

De passage au Collège Northern


Dans la foulée de ma visite au Collège Fleming, j'ai pris la direction de North Bay et je me suis retrouvé au beau milieu d’une tempête de neige.  N'ayant jamais fait le voyage auparavant, la nuit et le blizzard m'ont causé quelques tracas, mais je suis finalement arrivé à bon port – ne perdant le bon cap qu’une seule fois.  Le lendemain, j'ai repris la route en direction du Collège Northern et de son campus de Kirkland Lake, un trajet avec des paysages à couper le souffle et, heureusement, avec moins de neige.

Mon père a grandi à Kirkland Lake et me rendre dans cette communauté revêtait donc une signification toute particulière.  En suivant ses instructions, j'ai été capable de trouver la maison où il était né – une vieille maison de bois au bord d'un chemin forestier.  Dans la lumière tombante du soir, j'ai réussi à prendre rapidement quelques photos avant de partir à la rencontre du président Olayide (Lad) Shaba et des représentants syndicaux de la section locale 653 du SEFPO.
L'ancienne maison familiale des MacKay, avenue Carter, à Kirkland Lake.
Le campus principal du Collège Northern est situé à Timmins, à une heure et demie de route, au nord-ouest de Kirkland Lake.  Les autres campus sont situés à Moosonee et à Haileybury.  Le Collège Northern dessert une région de plus de 150 000 kilomètres carrés et accueille quelque 2 000 étudiants à temps plein et 15 000 à temps partiel.

À la réunion du comité exécutif local, j'ai entendu parler des défis auxquels fait face le personnel scolaire dans le Nord – des défis que partagent souvent leurs collègues de Sudbury, Sault Ste. Marie, North Bay et Thunder Bay.  À l'instar de leurs collègues qui travaillent dans les collèges du Nord, les représentants syndicaux de la section locale 653 ont déploré que le gouvernement semble tourner le dos aux collèges du Nord et ne pas reconnaître le rôle essentiel que ces derniers jouent dans le développement social et économique. 

Il suffit de regarder les conséquences du sous-financement pour comprendre le désarroi du personnel scolaire du Collège Northern.  Au plus fort des 135 membres du personnel scolaire qui travaillaient à temps plein au début des années 1990, il n'en reste que 78.  L'attrition est lente et constante.  Les membres du personnel scolaire à temps plein qui partent à la retraite ne sont pas remplacés.  Au lieu de cela, on recrute des employés à temps partiel et on constate aujourd'hui que plusieurs programmes d’études n'ont même pas un membre du personnel scolaire à temps plein.


Les membres de la section locale 653 sur la ligne de piquetage en 2006.
Les professeurs, les conseillers et les bibliothécaires du Collège Northern sont dès lors aux prises avec l'accroissement des tâches qu'engendre le manque de personnel.   On leur demande de siéger aux comités du collège, mais ils ne sont pas rémunérés et les heures ne sont pas créditées sur leur formulaire de charge de travail (le formulaire de la convention collective qui fixe les conditions pour l'affectation des charges de travail du personnel scolaire chaque semestre).  S'ils n'assistent pas aux réunions, les membres du personnel scolaire courent le risque de se voir de moins en moins associés aux décisions pédagogiques. Mais il est abusif de requérir ce travail supplémentaire alors que la charge de travail du personnel scolaire à temps plein est déjà énorme.

Pendant le dîner, après la réunion, j'ai compris qu'enseigner dans le Nord constitue une expérience unique, mais aussi combien tout cela a changé au fil des ans.  Stephen Borao, qui a été professeur et membre du syndicat pendant de longues années et qui a pris sa retraite l'été dernier, a parlé de sa carrière dans l'enseignement et de l'impact majeur de la négociation collective tout au long de sa carrière.

En 1980, Stephen avait été embauché comme « instructeur principal » au campus Moosonee, qui n'était pas encore affilié au Collège Northern.  Le semestre d'automne commençait en octobre, en raison de la chasse à l'orignal, et Stephen voyageait par avion de brousse pour enseigner le Programme d’administration des affaires.  Il enseignait entre 20 et 24 heures par semaine sans directives, soutien et rétroaction.  Il avait élaboré lui-même la totalité du programme d'études à partir de zéro et l'avait enseigné jusqu'à la fermeture du campus en 1983.  Parce qu'il était membre d'un syndicat, il a été transféré au campus de Kirkland Lake, où il a enseigné les trois décennies suivantes. Il a pris un congé de formation pour revenir sur les bancs de l'école. Il a également été un infatigable membre de l'exécutif de la section locale 653.

En ce qui concerne les défis que doit surmonter le personnel scolaire dans le Nord, Stephen a parlé de sa propre expérience et des luttes syndicales du passé : « Aujourd'hui, les gens ont tendance à penser que les salaires décents, les avantages sociaux et le paiement des heures travaillées sont le fait de la bonté du Collège.  Ils ne se rendent pas compte que ces acquis ont été remportés par le syndicat.

On devrait se souvenir de la remarque de Stephen, qui nous montre que la négociation collective donne des résultats. Si nous, les professeurs, les conseillers et les bibliothécaires, faisons preuve de solidarité, nous serons capables de surmonter les défis actuels et de redonner au système collégial son mandat original, qui est de procurer une excellente éducation et de contribuer au développement économique et social de l'Ontario et de ses diverses communautés.




No comments:

Post a Comment