L'après-midi du jeudi 26 septembre, j'ai eu le plaisir de rencontrer les membres de la section locale 673 du SEFPO, au Collège Boréal. Situé près de Sudbury, le Collège Boréal est entouré par les majestueux paysages du Nord de l'Ontario. Il y a plusieurs années que je n'avais pas été au nord de Barrie, et durant le trajet, j'ai été émerveillé par les somptueux rochers du bouclier canadien, les bouleaux et les couleurs flamboyantes du début de l'automne. Grâce à ces somptueux paysages, je n'ai (presque) pas vu passer les quatre heures et demie de route.
Le campus du Collège Boréal a
été construit récemment, à la fin des années 1990, et le bâtiment principal,
moderne et bien entretenu, s'intègre parfaitement au cadre naturel. Selon le
secrétaire de la section locale 673, Karl Aubry, l'environnement naturel fait
partie non seulement du cadre, mais aussi de la vie quotidienne du campus. Il
m'a raconté des histoires d'ours qui sont si dociles et tranquilles que les
étudiants et les professeurs ne font plus guère attention quand un plantigrade
se balade aux alentours du campus.
J'ai rencontré l'équipe de
Boréal à l'occasion de la réunion du Comité exécutif local (CEL) à 12 h
30 : le président David Fasciano, la vice-présidente Josée St-Jean, le
délégué syndical en chef Jacques Babin, et le secrétaire Karl Aubry. Les délégués
syndicaux Hélène Coté et Michael Mainville ont participé à la réunion par
téléconférence. Parce qu'ils travaillent dans des campus situés plus au nord,
Michael et Hélène seraient obligés de conduire pendant 4 à 6 heures s'ils
devaient faire le trajet par la route pour se rendre aux réunions du CEL.
L'éloignement constitue d'ailleurs l'un des défis auxquels sont confrontés les
collèges du Nord, le Collège Boréal en particulier. Seul collège francophone situé
dans le Nord de l’Ontario, le Collège Boréal couvre un immense territoire. Bien
que le nombre d'étudiants à temps plein soit relativement faible – quelque
1 000 étudiants au campus de Sudbury et 500 autres répartis dans les six
campus satellites et les dizaines de centres d'accès. Collège Boréal - Pouvez-vous voir l'ours? |
David Fasciano, président de la section locale 673 |
À cause d'un modèle de
financement inadapté, les collèges francophones et du Nord doivent aujourd'hui
surmonter des défis particulièrement importants. En raison des pressions
budgétaires, le Collège Boréal a recours de plus en plus souvent à des
professeurs à temps partiel pour enseigner ses programmes. David Fasciano,
président de la section locale, a indiqué que les professeurs à temps partiel
sont désormais deux fois plus nombreux que les professeurs à temps plein.
Jacques a ajouté que dans les programmes d'études où il y a de nombreux
professeurs à temps partiel, les plaintes des étudiants concernant la qualité
de l'éducation sont en hausse. Leurs qualifications ou la motivation des
professeurs à temps partiel n’est pas en cause. Le problème est leur roulement
élevé qui est le résultat du refus de la direction de procurer des emplois à
temps plein, ou encore pire, une meilleure rémunération des enseignants à
charge partielle. En perpétuel roulement et manquant de temps pour élaborer, préparer les cours et
faire les évaluations, les professeurs à temps partiel ne peuvent pas procurer
la même qualité d'enseignement que les professeurs à temps plein. Au bout du
compte, comme l'ont souligné les dirigeants de la section locale, ce sont les
étudiants qui payent le prix fort.
La vice-présidente Josée St-Jean et le secrétaire Karl Aubry |
Les pressions budgétaires et
les mesures de réduction des coûts ont également nuit à la liberté académique
et à la capacité des professeurs du Collège Boréal à maintenir la qualité de
l'enseignement. Les dirigeants de la section locale ont rapporté les histoires
de professeurs à qui l'on a demandé d'utiliser davantage de tests à choix
multiples et moins de dissertations afin de réduire leur énorme charge de
travail. Ils m’ont également parlé du « dilemme difficile » devant
lequel se retrouvent les professeurs à temps plein quand la direction leur
demande de donner le matériel de cours qu'ils ont élaboré aux enseignants à
temps partiel. En faisant cela, ils ont conscience de jouer le jeu de la
direction dans son refus de créer des postes à temps plein. Toutefois, ne pas
aider nos collègues à temps partiel irait à l'encontre de l'esprit de corps qui
caractérise la grande majorité des professeurs. La liberté académique n'est pas
un concept abstrait – c'est la capacité de contrôler nos conditions de travail,
le respect de notre propre propriété intellectuelle et un moyen de contraindre l'employeur à recruter des professeurs à temps plein.
En définitive, ma visite au
Collège Boréal a été très instructive. En tant que professeur au Collège
Mohawk, à Hamilton, j'enseigne dans un environnement très différent. Il y a
plus de 12 000 étudiants à plein temps au campus principal du Collège Mohawk, à
Hamilton, une ville qui fait quatre fois la taille de Sudbury. Même si les deux
collèges présentent certaines similitudes en termes d'augmentation des postes à
temps partiel, de coupes budgétaires et du manque de liberté académique, le
Collège Boréal est fondamentalement différent du fait de sa situation
géographique et du contexte linguistique. Nous vivons au Canada, un pays
officiellement bilingue, et notre identité est modelée par les contributions
passées et présentes de la population francophone. Notre système collégial doit
être solidaire de la communauté francophone, ainsi que de toutes les autres
communautés qui forment le Canada d'aujourd'hui. Malheureusement, le modèle
corporatif qui est mis de l'avant par le Ministère et la direction des collèges
nuit au développement local, au soutien des communautés, et à l'accès à un
enseignement postsecondaire de qualité pour tous les Canadiens.
Un grand merci à la section
locale 673 pour son hospitalité et une discussion très fructueuse!
No comments:
Post a Comment